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William C. Durant et la naissance de General Motors
Écrit par Irina
Photo credit: Good Vision Prod
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Une histoire d’ambition
General Motors (GM) est aujourd’hui l’un des plus grands producteurs mondiaux de voitures. Il est facile d’oublier qu’avant d’atteindre cette taille titanesque, GM n’était que la vision d’un seul homme. Contrairement à d’autres entreprises automobiles que nous avons explorées sur ce blog, GM n’a jamais connu de débuts modestes. Son créateur, William C. Durant, a toujours eu de grandes ambitions pour cette société mère. Continuez à lire pour en savoir plus sur qui était William C. Durant, comment il a créé GM, comment GM a prospéré et qui a pris le relais une fois que Durant a été définitivement évincé de l’entreprise qu’il a contribué à créer.
Contexte historique
Durant était un visionnaire. Il a anticipé la nécessité d’établir des économies d’échelle dans la fabrication automobile pour survivre à la concurrence croissante du marché des États-Unis. La consolidation de l’industrie automobile lui semblait être une bonne idée. Si différentes marques pouvaient partager des pièces et des processus tout en offrant une variété de produits aux clients, la société mère pouvait être très rentable. Les entreprises alliées auraient alors de meilleures chances de survivre à la concurrence croissante.
Durant a également imaginé l’incroyable ampleur que l’industrie automobile prendrait un jour. Il voyait le jour où la production automobile attendrait 500 000 unités par année. Ce serait un monde où chaque famille conduirait une voiture. Cependant, tous ne partageaient pas sa vision. Au début des années 1900, ce type de production de masse était encore inconcevable pour la plupart. N’oubliez pas que le cheval était toujours le moyen de transport de choix pour plusieurs à cette époque.
William C. Durant
Né en 1861 à Boston, dans le Massachusetts, William C. Durant avait un esprit entrepreneurial et démarra sa première entreprise, la Flint Road Cart Company, en 1885. En cinq ans, la société était le plus grand fabricant de voitures à cheval du pays.
Au début des années 1900, l’industrie automobile commençait à gagner du terrain et suscitait l’enthousiasme aux États-Unis. En 1904, Durant commença à diriger la Buick Motor Company, et d’ici 1908, son leadership fit de Buick le principal fabricant de voitures du pays.
À cette époque, le paysage de l’industrie était assez fragmenté. De nombreux petits fabricants produisaient leurs propres voitures en tant que prolongement de leurs activités de carrosserie ou de vélo. Des centaines de fabricants de voitures étaient actifs aux États-Unis au milieu des années 1900. C’était une époque antérieure à la standardisation des pièces et à la production en série.
La naissance de General Motors
En 1908, aux côtés de Charles Steward Mott et de Frederic L. Smith, Durant fonde la société General Motors. Au début, la seule entreprise qu’elle “détient” est Buick. La même année, GM acquiert Old Motor Works, le fabricant d’Oldsmobiles. Rapid Motor Vehicle Company, qui deviendra plus tard GMC, suit peu de temps après. L’année suivante, les acquisitions incluent Cadillac Motor et Oakland Motor Car Company, qui deviendra plus tard Pontiac. Mais en 1910, après l’acquisition d’environ 25 entreprises différentes, GM est dans une situation financière difficile et les banquiers accusent Durant pour cette précarité. Il est donc évincé de l’entreprise.
1908 a également été l’année où Ford présente son fameux modèle T. La philosophie de Ford était de produire un modèle unique à un prix abordable afin que “tout le monde” puisse acheter une voiture. Ford devient rapidement le rival le plus redoutable de GM. Bien que GM cible également le marché de masse, son offre de produits reste diversifiée avec une variété de modèles proposés par plusieurs marques à tous les niveaux de prix.
L’expansion de General Motors
Durant n’était pas le genre d’homme à abandonner facilement. Dès 1911, il cofonde la Chevrolet Motor Company et l’utilise dans les années suivantes pour racheter des actions de GM. En 1915, Durant est le plus grand actionnaire de GM et revient à la présidence en 1916. Techniquement, c’est Chevrolet qui a acheté GM et non l’inverse, mais en 1918, Chevrolet devient une division de GM.
L’expansion de GM ne s’est pas arrêtée pendant l’absence de Durant non plus. La société a exécuteé d’importants contrats gouvernementaux pendant la Première Guerre mondiale et a continué d’acquérir des entreprises. En 1919, on rapporte que GM est devenue la deuxième entreprise aux États-Unis à atteindre une capitalisation boursière d’un milliard de dollars. Malgré cela, en 1920, GM était de nouveau dans une situation financière difficile et Durant est forcé de démissionner une seconde fois. Cette fois-ci, c’est pour de bon. À cette époque, GM produit environ 12 % des voitures vendues aux États-Unis.
Au revoir Durant et bonjour Sloan
La démission finale de Durant marque le début d’une nouvelle ère chez GM. En 1923, Alfred P. Sloan prend les rênes du conglomérat. Bien que Durant ait joué un rôle important dans la création de GM, Sloan est la personne qui en a fait le modèle de la corporation américaine moderne que nous connaissons aujourd’hui. Au cours des années suivantes, GM se développe à l’international avec des opérations au Royaume-Uni, en Allemagne, en France, en Argentine, au Brésil et en Australie. En misant sur les voitures fermées, après l’acquisition de la Fisher Body Company, Sloan prédit l’avenir de l’industrie en surpassant le pari de Ford sur les voitures décapotables. À la fin des années 1920, GM dépasse Ford en termes de ventes.
La philosophie d’entreprise de GM change également, passant des achats agressifs de Leland à la croissance venue de l’intérieur. Des départements internes tels que le département de design Art & Couleur et de nouvelles marques comme LaSalle ont été créés au lieu d’être achetés. Sloan restructure l’entreprise en déléguant les opérations tout en conservant un contrôle coordonné. La plupart des grandes entreprises modernes du XXe siècle ont repris ce modèle de gestion décentralisée. À la fin de la carrière de Sloan en 1956, GM produit près de la moitié des voitures vendues aux États-Unis et est l’une des entreprises les plus influentes au monde.
Et maintenant
Ici, à Currus Dreems, nous visons à célébrer l’histoire de l’automobile et des personnes qui l’ont rendue possible. Nous trouvons fascinante et digne d’être racontée l’histoire de la fondation de GM et de son ascension dans le domaine de la production automobile. Avant GM et les autres géants de Detroit, les États-Unis ne comptaient que quelques 8 000 voitures. Dans ses 10 premières années d’activité, GM a fabriqué sa millionième voiture. Cependant, nous reconnaissons également que la manière dont GM et l’industrie automobile ont façonné les États-Unis et le monde n’a pas toujours été positive ou équitable.
Ne manquez pas l’article de la semaine prochaine où nous vous présenterons une autre voiture de la Collection Automobile Demers : la Cadillac Eldorado Biarritz de 1957.
Suggestions de lecture supplémentaire
Parmi d’autres enjeux, nous pensons qu’il serait injuste d’écrire cet article sans mentionner le rôle de GM dans l’application des politiques de ségrégation qui ont sévi durant les années d’apartheid aux États-Unis. Pendant longtemps et avec des conséquences encore ressenties aujourd’hui, les Afro-Américains et d’autres minorités ont été exclus de la vision du monde de GM et du “Rêve Américain”.
Un autre problème important à noter est le rôle actif de GM dans la création et la promotion du concept d’obsolescence programmée, avec des conséquences désastreuses pour notre monde postmoderne. Je me sens mal à l’aise de célébrer le fait que GM a aidé à “mettre l’Amérique sur roues”, sans reconnaître qu’elle a souvent mis les profits avant tout. Dans son article pour le New York Times, Anna Clark explore plus en détail ce sujet nuancé. Je vous encourage à le lire ! Comme le dit Dave Butler dans un article pour The Street, GM “a une histoire qui est essentiellement l’histoire de l’Amérique” (notre traduction de l’anglais), et cette histoire est bien trop longue et complexe pour être adéquatement relatée dans un article si court.
