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Le Darracq A11 roadster 1910
Écrit par Irina
Photo credit - Good Vision Prod
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Un pionnier de la route
Bien que l’invention de la première automobile ait eu lieu en Allemagne, c’est en France que l’industrie a d’abord prospéré. Darracq a été l’un des premiers acteurs importants à rivaliser avec les marques De Dion Bouton, Renault et Peugeot pour une part du marché. Parmi d’autres innovations, nous attribuons à Darracq le plus ancien V8 du monde. La marque française a également laissé une empreinte importante dans les débuts de la course automobile. Le Darracq A11 roadster dans la Collection Automobile Demers est bel et bien une voiture de course de 1910. Continuez à lire pour découvrir comment la marque est née, son histoire en course et comment Darracq est liée à Alfa Romeo et Opel.
Comment Darracq a vu le jour?
Alexandre Darracq était un ingénieur. Sa carrière l’a amené à travailler dans différents domaines avant de se lancer dans la fabrication de voitures. Il a connu du succès en vendant des bicyclettes Gladiator avant le tournant du XXe siècle. Comme beaucoup d’autres pionniers de l’automobile, Alexandre a pressenti que l’avenir de la locomotion reposait sur la voiture. Il a vendu ses intérêts dans l’industrie des bicyclettes pour se concentrer sur les véhicules à moteur. Après avoir envisagé de fabriquer des voitures électriques, Alexandre a misé sur le moteur à combustion.
La première voiture Darracq fut fabriquée en l’année 1900. Comparée à d’autres véhicules produits à l’époque, elle avait un design avancé selon les lignes de Panhard. Elle avait un moteur monté à l’avant et non sous le siège comme de nombreuses voitures à l’époque. Appliquant les leçons apprises dans ses entreprises précédentes, la marque a connu un succès dès le début. Darracq s’est concentré sur la production de masse et environ 700 voitures ont été fabriquées en 1900. Les Darracq étaient rapidement connues pour leur mécanique avancée et leur qualité globale. La société française a rapidement trouvé du financement au Royaume-Uni. Éventuellement, Darracq a étendu ses activités en Allemagne et en Italie.
Darracq et la course automobile
On ne peut pas discuter du développement de l’industrie automobile et de l’histoire de Darracq sans aborder la course automobile. Les courses de toutes sortes sont rapidement devenues populaires dans les années 1900, car c’était un moyen pour les fabricants de prouver les différentes qualités de leurs voitures, comme la performance et la fiabilité. Devenu un sport populaire, les courses ont également offert une grande visibilité pour les constructeurs automobiles qui pouvait améliorer les ventes.
Les voitures Darracq ont été utilisées pour la course dès 1901 et leur réputation a commencé à se solidifier en 1902. Au fil des ans, Darracq a remporté de nombreuses courses des deux côtés de l’Atlantique. En effet, une Darracq a remporté la deuxième Vanderbilt Cup Race aux États-Unis en 1905.
Étonnamment, Alexandre Darracq lui-même n’aimait pas beaucoup la course. Il la tolérait simplement en tant que préoccupation commerciale. Il semble que l’industrie automobile était un défi d’ingénierie et d’entrepreneuriat pour lui et non une passion. Alexandre Darracq n’avait lui-même jamais appris à conduire.
Le Darracq A11 roadster
Le Darracq que vous voyez ici est un roadster de 1910. Bien qu’il ressemble peu aux voitures de course d’aujourd’hui, il a en fait une carrosserie sportive. Des Darracqs comme celui-ci étaient utilisés pour la course. Ce modèle dispose d’une petite horloge pour surveiller les performances sur son tableau de bord ainsi que d’un panier spécial pour ranger le casque de course du pilote.
En raison de l’année de sa fabrication et des détails en laiton, ce Darracq est un bon exemple d’une voiture de l’ère des voitures sans chevaux (ou de l’ère du laiton pour nos amis européens). Ce modèle à 4 cylindres se trouvait dans la gamme de luxe parmi huit modèles proposés en 1910. On pense que les feux arrière modernes visibles sur cette voiture ont été ajoutés lors d’une restauration pour rendre la voiture conforme au code de la route. Bien que le noir de carbone ait été ajouté aux pneus en caoutchouc dès le début des années 1900, la Collection Automobile Demers a choisi de conserver des pneus blancs sur ce véhicule. Même s’ils sont beaucoup moins durables, ils ont fière allure et nous rappellent la période lointaine où l’industrie automobile était à ses balbutiements.
Une mascotte digne d’un pionnier
La mascotte de la marque française est assez élaborée : elle représente un ouvrier tenant un volant sur une enclume. L’enclume et l’ouvrier représentent bien les premières années de la production automobile. Avant l’automatisation et l’utilisation des chaînes de montage, les voitures étaient fabriquées à la main par des artisans. En effet, il fallait forger chaque panneau métallique qui composait une voiture. Si vous regardez de près le radiateur en laiton de ce Darracq, vous pouvez voir les vestiges de coups de marteau qui ressemblent à des creux sur la feuille de métal. La posture fière de la mascotte représente le travail manuel qui est nécessaire à la construction de chaque véhicule, une fierté partagée par la société Darracq et ses clients.
Le lien avec Alfa Romeo et Opel
Bien que nous n’entendons plus parler du nom Darracq aujourd’hui, les chemins de deux marques de voitures encore en activité peuvent être liés à celui-ci. Les histoires de la marque allemande Opel et de la marque italienne Alfa Romeo remontent toutes deux à Darracq.
L’Anonima Lombardi Fabbrica Automobila, ou ALFA, a été créée à partir de l’échec commercial de la Societa Anonima Italiana Darracq (SAID). La SAID assemblait localement des voitures Darracq à vendre en Italie. Une fois que la tentative italienne de commercialiser les voitures Darracq a échoué, la nouvelle société ALFA a adapté ce qui restait des installations et du matériel pour fabriquer des voitures mieux adaptées aux routes italiennes plus difficiles, sous un nouveau nom. Finalement, “Romeo” a été ajouté au nom de l’entreprise lorsque Nicola Romeo en a pris les rênes.
De même, l’allemand Opel est né après qu’Adam Opel a appris le métier de la carrosserie en assemblant des voitures Darracq sous licence. Avant de partir à son compte, Opel a d’abord produit des voitures en collaboration avec Darracq, appelées Opel-Darracq.
Et maintenant?
En 1912, Alexandre Darracq a pris sa retraite. L’entreprise a survécu à la Grande Dépression en contribuant à l’effort de guerre. En 1920, la firme a fusionné avec les sociétés britanniques Sunbeam et Talbot. À partir de ce moment-là, la nomenclature est devenue difficile, mais des voitures portant le nom de Darracq ont été produites jusqu’en 1939 par le groupe Sunbeam-Talbot-Darracq.
Aujourd’hui, Darracq est une autre marque orpheline. La Collection Automobile Demers est fière de posséder un si bel exemplaire des débuts de la production automobile française. Non seulement c’est un modèle de fabrication artisanale, mais c’est aussi une pièce importante de l’histoire de l’automobile. La semaine prochaine sur le blog, nous examinerons une autre branche de l’histoire de l’automobile de l’autre côté de l’Atlantique : la création de la marque Studebaker.
Les détails techniques
- Moteur 4 cylindres en L (L-head)
- Puissance : 10 chevaux
- Transmission manuelle 3 vitesses
- Châssis léger en acier embouti
- Toit en tissu
- Phares Rushmore
- Générateur acétylène A&A L
- Compteur de vitesse Stewart
